Auditionnée par le Sénat, la sœur de Samuel Paty a regretté que son établissement de Conflans-Sainte-Honorine ne porte aujourd'hui pas son nom.Des élus avaient pourtant affiché leur volonté de prendre une telle mesure dans les jours qui avaient suivi son assassinat.Si l'idée n'est pas abandonnée, elle s'est jusqu'à présent heurtée à de multiples obstacles et aux réserves d'une partie des acteurs impliqués.
Le 13 octobre, le professeur de lettres Dominique Bernard était victime d'une attaque au couteau lui ôtant la vie. Quelques jours plus tard, le 17, la sœur d'un autre enseignant pris pour cible témoignait devant le Sénat. Mickaëlle Paty était en effet invité par les parlementaires dans le cadre d'une commission d’enquête au sujet des agressions subies par les enseignants.
Présent dans la salle, l'élu du RN Aymeric Durox a réagi sur ses réseaux sociaux. Il a notamment expliqué que "Mme Paty a regretté un manque de courage dans l’absence d’hommage à son frère, en évoquant notamment le collège du Bois d’Aulnes qui ne porte toujours pas son nom contrairement aux promesses". Une annonce qui n'a pas été suivie d'effet et que le sénateur "regrette".
Des institutions qui se renvoient la responsabilité
C'est il y a un peu plus de trois ans, le 16 octobre 2020, que Samuel Paty a été décapité. Un acte commis peu après sa sortie de son collège de Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines. Dans les jours qui ont suivi, le président du Département Pierre Bédier proposait que l'établissement soit renommé, afin de rendre hommage au professeur. Une initiative également soutenue à l'époque par une pétition signée par près de 100.000 personnes.
Mickaëlle Paty a expliqué devant la commission qu'elle et ses proches avaient accueilli favorablement une telle initiative symbolique, mais que "dans la réalité, rapidement, on n'a vu que des personnes s'y opposaient". Elle a ainsi évoqué face aux sénateurs les réserves du "personnel sur place, qui était un peu dans la crainte". Cette retenue, plusieurs médias l'ont évoquée au cours des dernières années. Il était ainsi fait mention d'une émotion toujours très vive au sein de la communauté éducative, ainsi que de points de vue divergents sur la pertinence d'un renommage. "On ne peut pas imposer à nos enfants de rebaptiser leur collège du nom d'un drame", glissait au Monde en 2021 une représentante de parents d'élèves. "On a besoin de tout sauf de décisions précipitées, nous avons besoin de temps pour penser et construire un geste mémoriel cohérent", ajoutait-elle, assurant qu'elle se montrait tout à fait ouverte à l'idée d'un hommage.
Le président de l’association des Amis de Samuel-Paty, Paul Marion, s'est exprimé en avril dernier via une tribune parue dans Le Figaro. Un texte qui met en lumière les obstacles rencontrés par le renommage de l'établissement. "Le maire renvoie vers le Département… qui oriente vers la principale… qui juge que cela relève de l’Éducation nationale. Dans un collège dont les murs sont gérés par le Département, les livres par la région, les professeurs par l’État et la sécurité par la mairie, tout le monde décide de tout, mais personne n’est responsable de rien", s'agace celui qui fut, plus jeune, scolarisé au collège du Bois d’Aulne.
Une évolution possible l'an prochain
Interrogé le 16 octobre sur BFMTV, le maire LR de Conflans-Sainte-Honorine a réaffirmé qu'il se montrait favorable à un renommage de l'actuel collège du Bois d’Aulne en collège Samuel Paty. Il rappelle toutefois qu'il appartient à la communauté éducative d'acter une telle modification, et que la principale du collège considère à l'heure actuelle que l'émotion est encore trop palpable.
L'élu des Yvelines souligne aussi qu'à la rentrée prochaine, tous les élèves qui ont été en classe avec Samuel Paty avant sa mort auront quitté l'établissement. Des départs qui permettront probablement, selon lui, de procéder à une modification de nom en ménageant davantage les sensibilités. Au printemps, le site Factuel mettait lui aussi en avant la rentrée 2024 comme un horizon crédible pour un renommage. Lors d'un conseil d'administration du collège, il aurait ainsi été convenu que l'évolution puisse être entreprise dans un an. Une décision qui devra dans tous les cas se voir de nouveau étudiée avant d'être actée, certaines voix s'élevant pour préférer l'adoption d'un autre nom au collège. Parmi les arguments avancés, on retrouve la volonté de ne pas associer l'établissement à un événement aussi tragique. C'est ainsi que faire référence à une figure historique illustre a pu être évoqué.
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